La remédiation scolaire
Par Ludivine Astic – Maman de trois enfants dont Romuald
Janvier 2016
Maman de trois enfants, dont Romuald l’aîné de 13 ans.
Romuald est en 5ème SEGPA dans un collège à 17km de chez nous, où sa prise en charge est parfaite tant sur le plan scolaire, que sur la gestion des crises. Une AVS l’accompagne à raison de 12h/semaine contre 18h auparavant ; ce qui ne l’empêche pas d’effectuer la totalité de son emploi du temps.
Il a une sœur de 11 ans et un frère de 9 ans. Son papa est artisan maçon, depuis juillet 2010, deux mois avant le déclenchement du FIRES ; il fait de son mieux dans l’accompagnement de son fils, au vu de son métier et de l’impact psychologique que la maladie a eu sur lui. De mon côté, je suis sans emploi pour assurer les trajets au collège, ainsi que les appels de celui-ci en cas de crise trop fatiguante.
En septembre 2010, Romuald a traversé trois semaines de coma, deux mois d’hospitalisation et huit mois de centre de rééducation.
Ces huit mois lui ont permis de retrouver son autonomie physique avec ergothérapie, kiné, psycho-motricité…
A sa sortie il savait se débrouiller seul pour les tâches quotidiennes de base : manger, s’habiller, se laver, mais sa construction mentale était celle d’un enfant de 5-6 ans alors qu’il en avait presque 9 à son retour à la maison. Au quotidien, je l’ai beaucoup stimulé par les jeux (répétitifs au départ qui aujourd’hui sont beaucoup plus variés), pousser à faire seul, j’essaie de mettre un maximum de sens à chaque acte, chaque chose pour qu’il retrouve une confiance, une estime de lui-même petit à petit. Travail fastidieux remis à zéro presque à chaque crise et/ou à chaque « rejet » de personnes extérieures, surtout dans les trois premières années de la maladie
J’essaie de mettre un maximum de sens à chaque acte, chaque chose pour qu’il retrouve une confiance, une estime de lui-même petit à petit.
Son retour à l’école en septembre 2011 a été ponctué de nombreuses crises, de peu d’heures en classe, qui elles étaient très très compliqués de par la lenteur, l’incompréhension, les défaillances, le manque de temps, de formation des instituteurs, le regard des autres…
En juin 2012, l’année se termine, annonçant une prochaine rentrée, source d’angoisse quant à sa prise en charge. Mais contre tout attente, les anges nous envoient un coup de pouce : la découverte au hasard dans une boutique de minéraux, d’une plaquette intitulé TEDDI Tout Enfant Différent à Droit à l’Instruction, créé et animé par Derderian Brigitte à Vienne (38). Celle-ci fait de la remédiation scolaire.
Romuald va la rencontrer durant deux ans et demi, à raison d’une fois par semaine les deux premières années et toutes les trois semaines à la fin.
La remédiation complète la scolarité ordinaire ou spécialisée. C’est une pédagogie de détails adaptée à chaque enfant, à son handicap cognitif. Mme Derderian enseigne à travers Montessori, Piaget, donc beaucoup de manipulation de matériel dans un premier temps pour mettre du sens et pour ensuite parvenir au subjectif. Chaque séance dure 30 minutes en tête à tête avec l’enfant, puis un quart d’heure avec le parent pour expliquer ce qui a été abordé, les difficultés, les progrès réalisés et même parfois c’est un espace où nous même pouvons nous confier et recevoir des conseils d’accompagnement pour la gestion à la maison. Les premières séances sont dédiées à la réalisation d’un bilan qui va permettre la mise en place du parcours à suivre dans la rééducation.
Par exemple pour Romuald, suite à un bilan sur les structures logico-mathématiques, il s’avère que certains domaines du développement de l’intelligence en rapport avec sa tranche d’âge n’ont pas été construits ; ses connaissances sont comme une succession de savoirs appris par cœur sans aucun sens posé. Alors qu’à contrario le bilan montre qu’il a une maturité de raisonnement étonnante. Elle a donc décidé d’utiliser les points forts de Romuald (échange verbal, humour, curiosité…) en tenant compte des difficultés liées à ses besoins particuliers (lenteur d’exécution, trous de mémoire, émotivité…) pour bâtir la rééducation. Elle a utilisé tous les cheminements possibles : questions posées, dialogue précis sur la situation, symbolisation, utilisation de l’erreur, confrontation à ses contradictions…pour l’accompagner dans les détours de la logique de sa pensée et de ses raisonnements et tout cela bien sûr à travers la manipulation.
Romuald était ravi de rejoindre Brigitte qui même quand il était fatigué arrivait à le faire sortir avec le sourire et une grande satisfaction.
Nous avons pu constater les premiers bénéfices de ce travail entre six et huit mois de remédiation. D’abord dans le quotidien familial, par la vision, la compréhension (limites à respecter, la différence entre le bien et le mal…) de son environnement, ainsi que celle du 1-2ème degré dans les paroles, qui ont beaucoup évolué (pour exemple il a pu rire du 2ème degré que son grand-père utilise énormément et du coup se sentir bien plus intégré) l’évolution de son niveau scolaire qui augmentait mais qu’il refusait d’exploiter à l’école, à cause du comportement de rejet et défaitiste de ses instits. La révélation de l’efficacité de ce travail fut en mai 2014 au dernier bilan et de la psychologue scolaire et de Mme Derderian stipulant que Romuald avait retrouvé une estime de lui-même positive, que ses connaissances étaient quasiment au niveau de celles des enfants de son âge et qu’au lieu de lui faire intégrer une CLISS (de l’avis de son institutrice qui a eu du mal à gérer son échec avec Romuald) une classe de SEGPA était beaucoup plus adaptée. Son entrée en septembre 2014 en 6ème SEGPA nous a confirmé tout ceci avec trois bulletin ultra positif et chacun avec les félicitations du conseil. Idem pour ce premier trimestre de 5ème.
Cette méthode est bénéfique pour une large palette d’enfants voir pour tous les enfants même sans handicaps ; j’y ai emmené le petit frère de Romuald qui avait des difficultés en math ; elle a revu la construction de ses acquis en 5 séances et le tour était joué !!
Alors évidemment il y a quelques points un peu noir à cette remédiation, qui est d’abord financier. Mais là chacun voit avec ses priorités, sa conscience. Chaque séance a un coût de 110 euros qui à ce moment là n’était à ma connaissance pas pris en charge par la MDPH. J’ai su bien trop tard qu’avec une ordonnance du médecin j’aurai pu bénéficier d’une aide.
De même que l’offre fournit par TEDDI est complètement isolée ; elle se situe en Isère, à Vienne. Sans doute qu’il existe des approches similaires ailleurs en France ?
Vous pouvez malgré tout prendre de plus ample renseignements sur cette approche sur le site: ww.teddi.fr